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Il faudrait un jour s’attarder sur les relations entre les activités professionnelles des jeunes artistes et la manière dont elles influencent leurs pratiques. Cette réalité, Philippine Barbou l’a fait sienne et s’est engagée depuis plusieurs années a une analyse subtile de ses gestes quotidiens en posant un regard attentif et poétique sur son activité indissociable d’artiste et d’imprimeur d’art professionnelle en sérigraphie. 

Procédant par extraction, changement d’échelle ou condensation, elle engage une relecture de ses habitudes et de la repetition de ses gestes, de leurs temporalités et de leurs épuisements pour y déceler les trames de ses projets.

Une porosité qu’elle s’attache à mettre en mouvement suivant une attention perpétuel aux marges et erreurs d’impressions dans un processus pratique que d’autres ont appelés serendipity, mais qui se résumerait plus simplement à une attention constante aux possibilités ouvertes par les formes et les gestes en train de se faire.

Dans cet échange constant de la commande professionnelle aux projets personnels Philippine a construit une analyse de ses propres modes de productions, de ses contraintes et de ses limites. Un investissement conceptuel qui déborde son cadre pour interroger les notions de motifs, de strates et de circulation. 

Dans ses dernières oeuvres, l’artiste met, au sens propre, son travail en mouvement. Désormais, le support de sérigraphie se confond avec un espace incertain entre sculpture et vêtement. Elle ouvre là un espace potentiel de dissémination subtil de ses objets au delà du cadre de l’exposition dans lequel la sérigraphie retrouve une fonction intimement lié au réel. Un équilibre ténu, en tension, qui résonne comme une manière évidente pour l’artiste de réfléchir avec beaucoup de finesse les enjeux autour du statut de ses propres oeuvres, et de leurs conditions de diffusion.

Yannick Langlois